L'EMOTION, TELLE UNE QUESTION SPIRITUELLE
Tous les problèmes psychologiques sont finalement des questions spirituelles, des symptômes qui révèlent la coupure de notre nature profonde.
Les "faiblesses" émotionnelles nous montrent à quel endroit nous sommes coupés de nous-mêmes et deviennent, de fait, un point d'entrée pour développer et incorporer de nouvelles ressources qui étaient restées cachées jusqu'à lors.
Refuser nos émotions, les contrôler est une manière de nous nier. C'est là aussi un constat. Mais peut être est ce trop douloureux de reconnaître ces émotions qui vivent en nous ? Peut être est ce trop douloureux parce que l'image que nous avons de nous va être détruite, ou tout du moins bousculée par ce que nous allons découvrir.
N'abandonnons pas nos émotions jusqu'à l'oubli, elles ne feraient que se cristalliser davantage dans notre corps. Allons dans nos ténèbres, voyons nos identifications avec bienveillance, avec pour seules lumières l'écoute et la sincérité.
EMOTION POSITIVE OU NÉGATIVE ?
Les pensées négatives engendrent des émotions négatives, c'est comme une crise d'urticaire : il faut laisser sortir tous les boutons, jusqu'au bout, afin que la crise disparaisse. Car si on empêche leur manifestation, les symptômes ressortiront ailleurs, autrement, et la situation risque alors de s'aggraver.
Il est possible d'élever notre point de vue cependant, de faire un pas de côté pour voir toute la situation avec un autre regard mais trop facilement, cette invitation devient un "il faut que je sois capable de dépasser ça" alors que quelquefois, cela ne part pas ainsi alors dans ces moments là, la solution est de plonger dans cet inconnu car sait-on jamais ce qu'il peut y avoir derrière cette émotion qui colle !
Car c'est une vision dualiste que de diviser les émotions en positives et négatives. Le négatif vient potentiellement nous réveiller et n'est qu'un aspect, en fait, du positif qui se révélera tel et apparaîtra à sa vraie place lorsque le tout se sera exprimé.
C'est ce que C.G Jung appelle la conjonction des opposés, savoir faire place autant à l'ombre qu'à la lumière. Et c'est l'Amour qui réunit le négatif et le positif en une expérience constructive pour notre être.
L'IMAGE DE SOI À TRAVERS LES EMOTIONS
La plupart des gens aiment les émotions positives et y aspirent. Mais ces émotions peuvent également stimuler la souffrance. Quand un enfant est souvent complimenté ou est encouragé à être "bon", ou "parfait", l'identification avec ces mots se produit. Plus tard dans la vie, elles susciteront un besoin de protection ou un mécanisme de défense de l'image de soi.
Lorsque l'image prend une grande importance dns le processus de construction de ce que nous appellons l'ego, il s'ensuit n mécanisme d'auto-défense dont le but est de protéger la personne de l'inconfort d'être jugé. Rationaliser, expliquer, se mettre en colère et accuser les autres sont les moyens psychologiques habituels de défense de notre image de soi.
ACCEPTER
Accepter totalement de traverser une émotion, d'aller avec elle abandonnant toute croyance à son sujet, tout jugement, toute pensée. Alors nous expérimentons qu'au coeur même de l'émotion, il n'y a rien d'autre que l'énergie pure de la vie.
L'émotion qui m'habite n'a pas besoin d'être justifiée, prouvée, formulée : elle a besoin d'être sentie et conscientisée. Pour qu'elle puisse se dévoiler, se libérer de sa cause apparente et s'exprimer dans toute sa résonance, le corps doit être écouté.
NE PAS S'IDENTIFIER À L'ÉMOTION, SENTIR NOTRE "PLUS GRAND" DANS LE PETIT
Vous n'êtes pas vos émotions, vous n'êtes pas vos peurs, vous n'êtes pas vos pensées, vous n'êtes pas vos sens, vous êtes beaucoup plus que cela.
Vivez l'émotion dans l'Amour de la vie. Il suffit de la voir comme n'étant pas vous, et pourtant l'accueillir comme un petit enfant qui a besoin de vous, sans l'ignorer. Cessez de vous identifier à ce que vous croyez être et soyez ce que vous êtes vraiment.
ECOUTE DU CORPS
SI vous êtes en colère, vous pensez : "je suis en colère" et vous vous laissez emporter par elle. Vous êtes identifié à l'émotion et à l'histoire qu'elle vous raconte. Vous en souffrez et la jugez comme négative. Vous vous jugez et vous vous culpabilisez. Vous tentez alors de la supprimer d'une manière ou d'une autre, soit en l'extériorisant sans conscience, soit en la refoulant.
Après la colère, vous vous rendez compte que vous vous êtes emporté et dès que vous en prenez conscience, vous n'êtes plus collé à elle. Alors à ce moment là, ressentez les résidus de cette colère dans votre corps : où la sentez vous ? Dans la gorge, le ventre, la poitrine ? Vous pouvez partir de là. Ressentir les relents de la colère. Une fenêtre s'ouvre.
De même quand la peur apparait, vous pouvez chercher à la justifier, à la condamner, à la comprendre mais l'écoute corporelle de votre peur peut permettre une transformation.
L'écoute n'est pas forcément possible dans le feu de l'intensité : vous ne pouvez pas écouter quand la peur est trop forte (ou alors avec l'aide de quelqu'un). Vous pourrez progressivement sentir comment cette peur s'articule sensoriellement. Elle a perdu de son intensité, mais laisse des résidus en vous avec lesquels vous allez faire connaissance. Assis ou allongé, dans la position qui vous est la plus confortable, vous éprouvez une tension, une fébrilité, une agitation, une contraction, une lourdeur, un feu, un goût, une odeur ... L'écoute de ce dévoilement se développe peu à peu. Si vous faites cette exploration sans éléments idéologiques, càd, sans chercher à conclure quelque chose, il arrivera un moment où vous pourrez, dans le feu de l'action, dans le feu de la peur, être tactilement conscient de ses prolongations corporelles. A ce moment là, vous n'avez plus peur, vous sentez la peur. Là est le point crucial.
DIALOGUER
Nous pouvons même inviter les émotions tout en sachant que le moment va être difficile mais ce que nous allons en ressortir va nous libérer. Les autres peuvent être des révélateurs de ce qui est tapie au fond de nous et qui demande à être vu et entendu. Mais l'émotion nous appartient et nous réagissons selon nos conditionnements.
S'il y a une voix en nous qui dit "non" à ce qui est, que veut elle protéger ? Il est fort possible que l'émotion qui s'annonce ne soit qu'une forme pour nous inciter à voir en profondeur à l'intérieur de nous. Que l'intention soit des meilleures. Donnez lui l'opportunité de s'exprimer pour la découvrir vraiment et ne pas la condamner en vous disant que vous la connaissez que trop bien.
C'est effrayant de laisser vivre ce qui nous échappe mais c'est libératoire, ne jamais oublier cet aspect important et à chaque fois que vous vous laissez vivre, seul ou en présence d'un thérapeute, félicitez vous d'avoir dépassé votre peur et engrammez en vous l'expérience de libération afin que l'expérience vous amène, au fur et à mesure, vers une capacité de hauteur dès que l'émotion pointe son bout du nez.
Les émotions remontent de toute façon car la vie te veut à 100% libre, et elles feront ce qu'il faut pour être vues, elles te proposeront ce que tu appelles des épreuves, comme dans les contes, pour t'amener vers ton authenticité, pour t'éviter de te cacher de ta propre nature, notre nature profonde.